Arrivé à Rennes au tout début de la trêve internationale, Jorge Sampaoli aura une première compliquée à Lille, dimanche, lors de la 12e journée de Ligue 1, et sait très bien que redresser les Rouges et Noirs sera un travail de longue haleine.

Choix ambitieux par son CV et son profil, l'Argentin a répondu, vendredi, en conférence de presse, à quelques questions en français avant de passer par le traducteur lorsqu'il a eu besoin de s'exprimer avec plus de précision.

Au-delà de cet effort très louable, il s'est montré extrêmement vague sur le visage qu'aura son équipe dans le Nord.

Avec une dizaine de jours seulement pour prendre la mesure d'un effectif amputé de ses internationaux, cette réserve s'explique aussi par sa méfiance vis-à-vis de l'effervescence qui a accompagné sa nomination.

Si un choc psychologique est bien espéré dimanche, il sait qu'il lui faudra du temps pour véritablement imprimer sa marque. "Normalement le changement de coach génère quelque chose, j'ai confiance que l'équipe va changer son agressivité sur le terrain", a-t-il concédé.

Mais "le plus important pour moi, c'est d'inculquer une culture aux joueurs, peu importe si on joue à 5 derrière, 4 derrière, en 5-4-1 ou en 4-4-2... Après, l'équipe va développer sûrement d'autres choses", a-t-il expliqué.

Le milieu offensif Ludovic Blas a aussi affiché un optimisme prudent après ses premiers jours dans l'ère sampaoliste.

- "Ca parle beaucoup plus" -

"Il a dit des choses qu'il avait vues quand il était venu voir le match (contre Toulouse, 0-2). Et après, on a travaillé pour bien comprendre ce que lui voulait de nous, et pour après aussi bien expliquer à ceux qui arrivent après", de retour de sélection, a-t-il ajouté.

"Ça parle beaucoup plus. Il y a beaucoup plus de voix, de tout, avec tout le staff avec lequel il est venu. C'est beaucoup de pauses pour beaucoup d'explications et beaucoup d'échanges", a-t-il raconté au sujet des séances d'entraînement récentes.

Tout en soulignant l'énergie de l'Argentin, connu pour son tempérament de feu mais aussi pour la complicité qu'il peut nouer avec certains joueurs, notamment les plus créatifs, il n'est pas dupe de cet état de grâce qui accompagne parfois les nouveaux coaches.

"Quand tu as un nouveau staff, une nouvelle dynamique, ça veut dire que ça se donne beaucoup plus sur les premières séances, parce que tout est nouveau", mais ce sera surtout aux joueurs de combler leurs manques.

"Je pense qu'il manque beaucoup d'agressivité à la perte de balle", a-t-il, par exemple, admis. "Il veut inculquer ça aussi. Dès qu'on perd la balle, il veut essayer de vite réagir pour retrouver une équipe solide et compacte", a-t-il ajouté.

- "Mon équipe a besoin de contrôle" -

Les maigres indices qui ont filtré sur le style du Rennes de Sampaoli vont sans doute refroidir ceux qui rêvaient au football tout feu tout flamme qu'il développait lors de ses premiers mois à Marseille, avant un virage pragmatique assumé.

"Je pense que mon équipe a vraiment besoin de contrôle et on a travaillé justement pour éviter de subir les contre-attaques des adversaires", a ainsi confié le coach.

"Quand nous avons le ballon, ils auront la possibilité d'apporter leur créativité à l'équipe mais quand nous ne l'avons pas, ils auront aussi des responsabilités défensives", a-t-il également répondu au sujet des joueurs offensifs qui semblaient parfois engoncés dans un carcan sous Julien Stéphan.

Blas a toutefois laissé entendre que Sampaoli avait une base de travail saine avec un groupe où "personne n'a jamais lâché"."Dans des situations comme ça, j'ai vu des groupes pires que celui-là, franchement", a-t-il même assuré.

Et loin de la politique de la table rase, ce premier tiers de championnat doit aussi aider le groupe à grandir.

"Ce n'est pas un nouveau championnat (qui débute...) parce que si on passe à un nouveau championnat, on va oublier tout ce qu'on a fait. Et tout ce qu'on a fait de mal, il faut aussi le garder dans un coin de sa tête pour ne pas recommencer, tout simplement", a-t-il asséné.