16h02 CEST
01/04/2025
Cannes, club de National 2 (4e division), et ses hommes de base accueillent mercredi soir Reims (Ligue 1) et visent l'exploit de se qualifier pour la finale de Coupe de France, comme Calais en 2000.
Si l'objectif principal reste la montée en National, malgré deux défaites consécutives et sept points de retard sur Le Puy, son parcours en Coupe est admirable. Il est dû à "l'implication de tout un club familial", assure le directeur général Félicien Laborde, mais aussi à l'impact de quelques fortes personnalités sur le terrain et sur le banc.
L'entraîneur Damien Ott, ex-prof de gym de 59 ans qui fut l'adjoint de Laurent Batlles à Troyes entre 2019 et 2021, a roulé sa bosse en National. Aujourd'hui, le jeu de son équipe, "où on met tout sur la table comme au casino", est vanté.
Mais en début de saison, l'Alsacien était au chômage et animait des stages de l'UNFP, le syndicat français des joueurs, où il a côtoyé son actuel capitaine, Cheikh Ndoye. Ott n'a toutefois jamais renié sa façon de penser, inspirée par Jürgen Klopp.
"Pour monter en National, il faut la capacité de marquer deux buts par match, être offensif, impactant, chasser le ballon", indique le coordinateur sportif Sébastien Pérez. "C'est pour ça que Damien a été choisi" en octobre 2024, après sept premières journées ratées, ajoute-t-il.
- "Plaisir absolu" -
Résultat: 20 rencontres sans défaite et une qualification en demi-finale de Coupe.
"Cannes casse les codes, on aime ça", souligne Damien Ott, qui apprécie "l'aventure sportive car la façon de jouer est enthousiasmante pour les joueurs et le staff" et "l'aventure humaine grandiose partagée".
Il reconnaît que sa carrière est "plus derrière que devant" mais a pu mettre en place ses idées. "Si c'est juste pour donner des chasubles, faire des toros, ça ne sert à rien d'entraîner, lance-t-il. J'ai un projet singulier. Lorsque l'équipe joue comme je désire, ça donne énormément de plaisir."
Et c'est le cas depuis cinq mois. "Je prends un plaisir immense à les regarder, à coacher ce super groupe de bonshommes, à fédérer autour d'un projet commun: un plaisir absolu pour un coach", dit-il.
Après deux défaites en championnat, il n'a pas haussé le ton mais a voulu "redonner confiance et repartir sur les bases".
"Je n'ai pas la solution pour dire comment battre Reims. Par contre, j'ai la réponse à: +Comment faire pour essayer de bien jouer?+", explique-t-il.
Cheikh Ndoye, 39 ans, apprécie. "Il est sans pression, libéré, donc il donne beaucoup de confiance aux joueurs", salue l'ex-international sénégalais, finaliste de la Coupe en 2017 avec Angers (défaite 1-0 face au PSG) qui, lui, a apporté son leadership.
Pour le défenseur Houssen Abderrahmane, "Cheikh est un pilier sur lequel on peut s'appuyer, avec une aura qui diffuse sur tous les joueurs". C'est "un patron, un leader, un vrai tonton", complète le gardien N.2, Fabio Vanni, 22 ans, titulaire en Coupe.
- La confiance pour progresser -
A l'heure d'affronter Reims, à la peine en première division, Ndoye intime à ses partenaires de "prendre du plaisir sans pression". Toutefois, il insiste sur "la concentration" pour se mettre "à la hauteur techniquement".
Aux tours précédents, les attaquants Julien Domingues et Chafik Abbas y sont parvenus. A 29 ans, le premier est meilleur buteur de la compétition: onze réalisations en neuf matches, dont certaines sensationnelles, comme son ciseau contre Dives-Cabourg. L'autre, dribbleur feu-follet de 26 ans, attise les convoitises.
Ils sont dans la lumière "parce qu'ils jouent avec spontanéité", analyse leur entraîneur. "Et pour ça, il faut être en confiance." Depuis son arrivée, il a "vu des joueurs s'épanouir" en exprimant "leur créativité, leur talent".
"Quand tu t'exprimes, que tu prends du plaisir et de la confiance en toi, tu progresses", dit Ott.
Reste à le voir contre Reims, pour permettre au club d'atteindre la finale, comme en 1932...