00h22 CEST
10/08/2024
Malgré les polémiques qui ont rythmé ses JO, la boxeuse algérienne Imane Khelif est devenue championne olympique vendredi à Paris, portée en triomphe dans un stade de Roland-Garros en fête.
"J'ai fait l'objet d'attaques et d'une campagne féroce, et c'est la plus belle réponse que l'on puisse donner. La réponse a toujours été sur le ring", a-t-elle lancé après sa victoire en finale des -66 kg. "Je suis une femme forte avec des pouvoirs spéciaux. Depuis le ring, j'ai envoyé un message à ceux qui étaient contre moi."
Victorieuse aux points et à l'unanimité des juges de la Chinoise Yang Liu, championne du monde en titre, elle apporte à l'Algérie son deuxième titre des JO de Paris après l'or de Kaylia Nemour en gymnastique.
"Je suis très heureuse", a-t-elle réagi. "Depuis huit ans, c'est mon rêve et je suis maintenant médaillée d'or. J'ai travaillé pendant huit ans, je n'ai pas dormi, j'ai été fatiguée pendant huit ans. Maintenant, je suis championne olympique!"
"Je tiens à remercier toutes les personnes qui sont venues me soutenir. Tous les gens d'Algérie et tous les gens de ma base. J'ai aussi reçu des messages de tous les pays du monde", a-t-elle ajouté.
Trois ans après sa présence aux Jeux de Tokyo, où sa participation n'avait suscité aucune polémique, Khelif s'est retrouvée malgré elle à Paris au centre d'une controverse sur le genre menée par les milieux conservateurs sur fond de différend entre le CIO et la Fédération internationale de boxe.
La polémique trouve son origine dans son exclusion des Championnats du monde à New Delhi en mars 2023. Selon la Fédération internationale de boxe (IBA), elle avait échoué à un test destiné à établir son genre. L'IBA, instance non-reconnue par le monde olympique, a refusé de préciser quel type de test avait été pratiqué.
Pour le CIO, son éligibilité ne fait aucun doute: elle peut participer aux Jeux dans le tournoi féminin. Mais l'exclusion de New Delhi a refait surface quand son adversaire au premier tour, l'Italienne Angela Carini, a abandonné dès la première minute de leur combat.
Sur les réseaux sociaux, la boxeuse a alors été victime d'une campagne de haine et de désinformation, empreinte de racisme, la présentant comme un "homme combattant des femmes".
- "Héroïne de l'Algérie" -
A l'annonce de sa victoire finale, la boxeuse a sauté de joie avant de saluer son adversaire et d'être portée en triomphe par son entraîneur dans une arène en liesse.
Son entrée sur le célèbre court Philippe-Chatrier, plus habitué à accueillir des joutes tennistiques, avait déjà été acclamée dans un vacarme retentissant.
Des cris "Imane, Imane" ont ponctué les trois rounds du combat, au cours duquel l'Algérienne s'est montrée plus relâchée et tranchante.
Les attaques qu'elle a subies ainsi que sa victoire ont également fait d'elle une héroïne dans son pays.
Issue d'une famille modeste de la région semi-désertique de Tiaret, Khelif a expliqué avoir dû se battre pour que sa famille, en particulier son père, accepte sa pratique de la boxe.
Mais celui-ci est devenu depuis l'un de ses plus grands fans comme tout les habitants de Biban Mesbah, son village natal, qui ont suivi le combat sur un écran géant. A un correspondant de l'AFP, ce soudeur sans emploi de 49 ans a confié sa fierté pour sa fille, "un exemple de femme algérienne, une des héroïnes de l'Algérie".
Pour son entraîneur Mohamed Chaoua, "toutes ces polémiques lui donnent de la force pour avancer".